L'alibi n'a pas de circonstances atténuantes
Le résultat de la présidentielle américaine inspire les amateurs de grandes déclarations. Ainsi Rama Yade, toujours si peu avare en commentaires pertinents, s’est fendue d’une réaction à chaud à la hauteur de sa réputation et du flou artistique qui entoure le contenu de sa mission de secrétaire d’Etat aux droits de l’homme. « L'élection de Barack Obama est comparable à une chute du mur de Berlin fois dix », a-t-elle déclaré. Circonstance atténuante la militante UMP et fille d’un diplomate sénégalais était en pleine crise d’adolescence au moment de la fin de la Guerre Froide. 
La portée de l’évènement lui aura donc échappée. Plus sérieusement, l’absurdité d’un tel raccourci historique montre jusqu’où peut nous conduire la politique française des quotas. Car, si au-delà de la couleur de sa peau, Barak Obama apparaît par ses convictions comme l’homme de la situation son élection n’est qu’une étape dans le changement de cap que doit opérer la première puissance mondiale. Idem en matière d’égalité des chances. L’avènement d’un président noir issu des classes moyennes montre peut-être que rien n’est impossible, pourtant la véritable révolution aura lieu lorsque les commentateurs ne remarqueront plus la couleur de peau ou le sexe des individus désignés par le suffrage universel mais seulement leurs compétences. A ce moment, les choses deviendront très compliquées pour Rama Yade. En attendant, la secrétaire d’Etat sait ce qui lui reste à faire : rouvrir ses livres d’histoire et tourner plus souvent la langue dans sa bouche.
Taco
