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10 décembre 2008 3 10 /12 /décembre /2008 16:32

"Liberar a nuestros hermanos Santos"

Supporters du monde entier unissez-vous. Depuis deux mois, les Marseillais de tous bords n’ont qu’un nom à la bouche : Santos Mirasierra. Ingrid betancourt peut aller se rhabiller. Les amateurs de ballon rond, nouveaux défenseurs éclairés des droits de l’homme et du tifosi, ont trouvé leur héros. Avec un patronyme de légende : Santos Mirasierra, se prononce avec l’accent et sans modération sur tous les comptoirs de la cité phocéenne.


Trois pages quotidiennes dans La Provence, depuis plusieurs semaines, le chiffre de ses jours de détention, des forums engagés pour sa libération, des témoignages, des t-shirts de soutien… Alberto Korda s’est fait renvoyé à ses études. Le visage piercé de l’ultra au regard de bouledogue français a remplacé celui de Che Guevara dans les virages du Vélodrome.
Encore une fois le football montre qu’il est en avance sur son temps. Avant, les héros arrivaient sur le devant de la scène parce qu’ils défendaient une cause et se battaient pour un idéal. Aujourd’hui, pour devenir une icône, il suffit d’avoir dans le cerveau un pois chiche en forme de ballon et de passer sa vie à gueuler dans les stades. L’engagement politique n’est plus à la mode. Les jeunes, gavés de loisirs, lui préfèrent l’engagement sportif. Difficile de leur donner tort, compte tenu du vent de liberté qui souffle dans les stades. Les supporters ont tous les droits. Ils peuvent insulter, se battre, provoquer, tout casser, balancer des projectiles, siffler des hymnes nationaux, être racistes, bêtes et se prendre pour les défenseurs d’une identité culturelle à laquelle ils ne comprennent rien. Après la tolérance zéro, voici venu le temps de la responsabilité zéro et de l’impunité totale. Tous les excès sont permis et lorsque l’un d’entre eux se fait attraper après que ses camarades aient passé une journée à provoquer les flics et les supporters adverses, à arracher des sièges et à tout casser, sans raison apparente, tout le monde pleure et crie à l’injustice. Après trois jours de prison, le gros dur tatoué, roi des travées, se transforme vite  en lopette.

"Les pouvoirs publics sont devenus les otages d’une poignée de truffes qui préféreraient voir la peine de mort rétablie plutôt que la coupe d’Europe de 1993 enlevée à l’OM"

L’épisode rappelle celui que vivent tous les jours des milliers de profs dans des milliers de salles de classe. Dix élèves font une connerie, l’un d’entre eux, souvent le moins coupable, se fait attraper et hurle, incapable d’assumer son appartenance à un groupe : « C’est pas moi ! » Puis la sévérité et l’exemplarité de la sanction qui tombe font oublier la grosse connerie du départ.
Au foot, les supporters ont un état d’esprit de merde et une attitude souvent déplorable, mais ce que tout le monde retiendra c’est qu’un pauvre tocard a passé trois mois en prison. Et cerise sur le gâteau, les Marseillais s’offrent le luxe de faire trembler la ville, à la veille du match contre l’Athletico Madrid. Plus de 1000 flics mobilisés, les footeux ont battu un nouveau record. Les pouvoirs publics sont devenus les otages d’une poignée de truffes qui préféreraient voir la peine de mort rétablie plutôt que la coupe d’Europe de 1993 enlevée à l’OM.

Certes la peine était démesurée, certes l’individu ne méritait pas ça, certes Santos n’était pas un meneur, ni un enragé, mais son aventure sonne comme un avertissement. Si personne ne se décide à faire le ménage dans les virages, il ne suffira que d’une étincelle pour enflammer le tas d’ordures qui, trop souvent, pollue le spectacle. Heureusement, l’affaire Santos s’est déroulée à Marseille, une ville plus bruyante que méchante. Les forces de l’ordre n’auront pas toujours cette chance.

Taco

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