Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 août 2008 3 27 /08 /août /2008 09:03

« Un côté ethnique qui ne passe pas partout »

Fille du chanteur compositeur algérien Safy Boutella, Sofia décompose le rythme en mouvements. D’origine kabyle, elle apprend la danse classique à cinq ans en Algérie. Dix ans plus tard, son métronome s’emballe. La jeune femme, à la fois électrique et sensuelle, troque ses ballerines contre un survêtement. Et réinvente le hip-hop à le seule force de ses ondulations.



Premier coup de projecteur, à 17 ans, quand elle se fait repérer par Blanca Li. Mais le vrai tremplin, c’est Nike qui le lui tend. Elle participe à un casting et le chorégraphe Jamie King, un ancien danseur de Michael Jackson, flashe sur elle. Début 2005, elle devient l’image féminine de la marque. Depuis, les succès s’enchaînent. Elle a dansé avec Jamiroquai et participé, il y a deux ans, à la tournée de Madonna : « C’est une femme habitée par son art, une vraie bosseuse. C’est un plaisir de travailler avec elle. »

 

Une gloire précoce qu’elle prend avec beaucoup de distance :
« Je sais que je ne suis pas la meilleure, j’ai simplement été au bon endroit, au bon moment. Mais ça ne m’a jamais monté à la tête. Je sais où je suis. Demain, si tout s’arrête, je sais exactement ce que je ferai. Je reprendrai l’entraînement. » Quand on lui dit qu’elle est considérée comme l’une des meilleures danseuses de sa génération, elle rit doucement :
« Il y a plein de très bons danseurs qui restent dans l’ombre, volontairement ou non. » Idem pour les quantités de fans qu’elle génère : « Si je les inspire et si je leur donne du bonheur, c’est ce qui compte, c’est le plus beau cadeau que je puisse recevoir. Mais de mon côté, ça ne change pas ma vie. »

Depuis l’année dernière, elle a définitivement posé ses valises à Los Angeles. Avec un pincement au cœur – « Toute ma famille est en France » –, mais aussi beaucoup de pragmatisme. « Ici, j’avais l’impression que mon style, mon identité, ma façon de danser ne rentraient pas dans le moule : j’ai un côté ethnique qui ne passe pas partout. Aux États-Unis, les gens avancent avec moins d’œillères. » Une étiquette qu’elle a aussi ressentie dans les castings de films qu’elle a écumés : « En France, on me proposait toujours des rôles de beurette de cité qui a des problèmes, alors que je ne suis pas née dans une cité et que je n’ai jamais connu la galère. En plus, la plupart du temps, on me trouvait trop maigre pour jouer une Algérienne. » Blessée de ne pas être appréciée par le pays qui l’a vue grandir ?
« Non, je vais simplement là où les gens me comprennent mieux, je reviendrai peut-être quand les choses auront évolué. Je peux travailler ma technique, mais il y a des choses, comme mon physique, que je ne peux pas modifier. »

En revanche, coacher les autres n’est pas le genre de choses qui la stimule : « Je ne me vois pas évoluer comme chorégraphe. J’adore travailler en groupe, échanger, donner mon point de vue, mais je ne suis pas dirigiste. Sans doute, tout simplement, parce que j’ai moi-même encore bien des choses à apprendre. »

Aujourd’hui, c’est plutôt le cinéma qui lui fait les yeux doux.
À Los Angeles, elle prend des cours de comédie, travaille son accent. Les projets, elle les voit aussi de l’autre côté de la Méditerranée, en Algérie : « Je ne pense pas que j’y vivrai, mais j’y retournerai. J’ai quelque chose à faire là-bas, je suis née là-bas, je voudrais y apporter mon savoir. »

En tout cas, elle suivra son instinct : « Même dans une salle de danse, c’est difficile de me placer là où je n’ai pas envie d’être. »

Taco avec Le Figaro

http://sofiabreak.net/ 
http://sofia-boutella.skyrock.com/

 
Partager cet article
Repost0